La Gestalt thérapie est une philosophie appliquée, utilisée en psychothérapie ou en coaching, individuellement ou en groupe. La Gestalt-thérapie part du constat que nous sommes toujours en contact avec notre environnement. Les interactions sont constantes et sources de développement. Avec l’air, le sol, les objets… et les autres. C’est à la frontière que l’organisme organise son expérience de croissance. Dès lors, la démarche thérapeutique propose de s’intéresser à la frontière entre l’organisme et son environnement (que nous appelons la frontière-contact). C’est là que le soi rencontre du non-soi. C’est là que la personne se nourrit de ses interactions avec l’environnement – ou pas. Nous allons conscientiser les phénomènes qui émergent de cet « entre-nous ».
Cette philosophie humaniste et optimiste des relations humaines s’appuie sur la Gestalt-psychologie, la psychanalyse, la phénoménologie, l’existentialisme, les philosophies orientales, le pragmatisme … Elle organise tous ces éléments un en tout cohérent et opérant.
Au fondement de la théorie de la Gestalt-thérapie, il y a un modèle qui décrit le processus par lequel l’organisme interagit avec son environnement : la séquence de contact.
Et le clown ?
Lorsqu’il entre sur scène, le clown se jette dans la lumière. Il se retrouve embarqué dans la vie, sous le regard du public bienveillant. Il est assoiffé de vivre, d’être vu, reconnu, aimé. Mais comment supporter d’être vu sous toutes ses coutures ? Comment supporter d’être reconnu pour soi-même ? Comment supporter d’être aimé sans rien faire ? Ce sont ces paradoxes qui sont mis en jeu.
Il va affirmer ce qu’il porte et manifester ce qu’il ressent de la situation dans laquelle où il se trouve (la mouise). Et ce n’est pas une situation banale ! Une dramaturgie se tisse avec ce qui émerge et qui est partagé. Sa liberté est au cœur de sa raison d’être. Il échappe aux normes, aux conventions, aux règles du monde ordinaire. Il est tout sauf normalisé. Il est singulier, absolument. C’est sa beauté unique. Mais comment supporter de ne ressembler à personne ?
Et en même temps, le clown a le besoin, existentiel, vital d’être vu. Il est venu pour cela. Comme Narcisse, qui est fasciné par son reflet, il a besoin du public pour savoir qui il est. C’est vital, pour alimenter son sentiment d’exister. Il a besoin de l’attention et du regard des autres. De cela découlent un certaine nombre de problématiques. Comment ne pas se perdre en se soumettant à ce que l’on imagine que le public attend ? Comment être juste pour soi et pour la situation, ici et maintenant ? Comment être engagé et attentif ? Comment faire et se laisser faire ? Comment partager la lumière avec un partenaire ? Comment coexister créativement et se fertiliser mutuellement pour alimenter l’intérêt du public ?
Chaque comédien, sur scène doit être tout à fait présent et relié, pour ne pas être agit par des anciens schémas, des formes obsolètes, des mouvements non ajustés et conservateurs. Pour ne pas être enfermé dans des mécanismes connus et rassurants mais qui reproduisent des ajustements héritées d’anciens contextes. Pour être tout à fait libre, c’est-à-dire disponible à ce qui surgit dans l’instant. Dès que le clown reproduit des situations qui ne sont pas crées sur place, devant le public, il est menacé d’égotisme.
Et le voilà donc dans une double défi : être libre et relié. Libre avec les autres. Libre et en relation. Condamné à être libre, pour reprendre Sartre.
Le contact au fondement de la présence
Le comédien en situation de jeu vit une intense expérience de contact. En clown, il offre ce qui fait la chair de son être au monde. Souvent il reproduit toutes ses anciennes habitudes d’être au monde. Ses impasses. Ses reproductions. Ses résistances à l’instant présent.
Son clown les met en scène spectaculairement – souvent malgré lui. Mais il est protégé par la transposition qu’apporte le jeu masqué. Il triomphe s’il parvient à faire rire le public de ce qui est là pour lui, et qui s’impose à lui. ll faut de la distance avec soi-même, pour pouvoir en jouer. Mais s’il y parvient – ce qui est courant ! – il va nous faire vivre un intense moment de jubilation libérateur.
Après le passage sur scène, nous prenons le temps de mettre des mots sur l’expérience vécue, de manière à l’assimiler. La personne est encouragée à nommer ce qu’elle peut en retirer et emporter dans sa vie.
Nous ne cherchons pas à psychologiser en faisant des liens immédiatement : les liens se font, plus tard, dans les jours qui suivent, dans le secret du cabinet de thérapie ou dans le silence d’un moment de solitude.
La transformation personnelle passe par la prise de conscience de notre fonctionnement, de nos répétitions, de nos impasses. Le jeu permet de nouvelles manières d’être. Et c’est ainsi que les participants font des expériences fondatrice qui transforment.